L'innovation au service de la tradition
Le glissement du coupe-chou, l’odeur du savon, l’élégance du rasage à l’ancienne… C’est à cette fine gestualité que Sarah Daniel Hamizi et son équipe de barbiers redonnent vie, dans les deux salons parisiens désormais emblématiques de La Barbière de Paris. Lorsqu’elle ouvre son premier salon en 2000, la barbière a déjà un beau parcours. Coiffeuse de formation, elle "s’est donné les moyens de rencontrer les bonnes personnes" pour se former à un métier qui la fascine depuis la tendre enfance. Deux barbiers, Jean-Louis Bourasseau et Osan Turak, lui ont transmis les techniques de base de rasage, modelage et entretien de la barbe.
Imprégnée de ce savoir-faire, elle va le sublimer en innovant : rasage à la vapeur, brushing, épilation et extensions de barbe, etc. De prime abord surprenantes, ces idées lui valent des critiques… Qui la rendent plus forte. "La critique est un moteur, elle permet de
s’interroger et de faire toujours plus."
Rompre avec l’image du barbier passif
"En coiffure masculine, vous rentrez, vous vous asseyez et on vous dit : ‘On fait quoi ? On fait comme d’habitude ?’". Une phrase inconcevable chez La Barbière de Paris, qui met un point d’orgue à personnaliser les prestations et apporter aux clients "un regard de séduction", franc et objectif. Hors de question, donc, de se contenter du minimum. "Pour cette profession, c’est un atout. Les hommes attendent des conseils, des positionnements. Les équipes travaillent au quotidien pour répondre aux besoins de chaque homme, et Dieu sait qu’ils sont différents !"
Grâce à la qualité de leurs soins, les deux salons de La Barbière de Paris ne désemplissent pas. Entre 2012 et 2014, le chiffre d’affaires de La Barbière de Paris a quadruplé, pour atteindre 1,5 million l’an dernier (30 salariés). Un succès dû à sa médiatisation (télévision, marques de luxe et de mode), mais surtout au bouche-à-oreille, symbole de l’excellence de la maison.
Son savoir-faire a été récompensé en décembre dernier, lors du Prix Stars et Métiers 2015. Lauréate catégorie Stratégie globale d’innovation, Sarah Daniel Hamizi a également été élue "Coup de coeur du public". Un prix qu’elle perçoit comme "une reconnaissance et un honneur".
Ne pas se laisser submerger
Malgré tout, Sarah garde la tête froide. En 2010, elle a fait appel à un coach, pour l’aider à acquérir de bons réflexes de dirigeante. "Il fallait que je franchisse cette étape : passer d’artisan à chef d’entreprise." Une façon d’apprendre à canaliser la croissance de son entreprise, en s’extrayant des situations épineuses pour mieux les analyser. Face au développement de La Barbière de Paris, Sarah a fait le choix "de freiner l’expansion pour mieux la contrôler".
Afin de rester connectée à la réalité, la patronne a gardé du terrain. "Je travaille deux jours et demi par semaine au salon [rue Bertin-Poirée, ndlr]. C’est pour moi la seule manière d’innover. J’entends les problématiques des clients et j’essaie de trouver des solutions." Pour soigner les peaux sensibles, la barbière fait appel à deux dermatologues et un généraliste. "Une partie de mon travail implique une analyse qui n’est pas de mon ressort. Je ne vais pas m’improviser médecin, donc je m’entoure de la bonne compétence."
La quête permanente de nouveauté
L’entreprise consacre 10 % de son CA à la recherche & développement : "L’investissement me sert à revisiter ce métier". Une gamme de produits signés La Barbière de Paris doit d’ailleurs voir le jour en 2016. Cette année encore, un nouveau salon ouvrira ses portes dans le sud-ouest de Paris. Prochaine étape : l’export. Déjà connue à l’étranger, La Barbière de Paris ouvrira un salon outre-Atlantique courant 2017.
RETROUVEZ CET ARTICLE DANS SON INTEGRALITE DANS LE NUMÉRO 111 DU MONDE DES ARTISANS.
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